Ouagadougou, 06 juin 2023 #ZissayaTV #Opinion #Senegal
Hurlements et détonations ont envahi les rues du Sénégal dès l’énoncé du verdict scellant le sort du leader du PASTEF, Ousmane Sonko à la prochaine présidentielle.
Des villes embrasées par des scènes de guérilla entre les partisans du redoutable opposant et les forces de l’ordre. Dès dimanche soir, on comptait 16 morts et des dégâts matériels importants.
À Dakar, à Ziguinchor, à Mbour, à Kaolack et à Saint-Louis, les morceaux de planches, des pierres et les panaches des lacrymogènes jonchaient sur les pavés, comme dans une nouvelle série d’un film en plein tournage.
Non ! Cette fois-ci, les Sénégalais ont décidé de faire jaillir les larves du Mbalax dans la rue avec une violence inouïe. Jadis réputé être un pays stable par la solidité de ses institutions, le Sénégal vient de montrer à la face du monde, une image qui ne lui ressemble pas.
Au risque de nous tromper, c’est l’une des premières fois qu’une manifestation civile occasionne le déploiement de l’armée sénégalaise dans les rues des villes pour protéger les zones stratégiques.
L’armée a pris les positions de la gendarmerie, qui à son tour a pris les positions de la police. Voici où l’entêtement du pouvoir et la soif de changement de l’opposition peuvent conduire.
Ce déploiement massif des forces de l’ordre va-t-il dissuader tous ces milliers de manifestants qui disent se battre pour éviter à leur champion, Sonko de subir la tactique Sall qui consiste à écarter ses challengers potentiels à la course au fauteuil présidentiel.
On a vu les cas Karim Wade et Khalifa Sall. Pas sûr que la tactique prospère avec un challenger au discours panafricaniste qui attire de plus en plus les jeunes sénégalais qui rêvent de changement de paradigme. Certains estiment voir depuis les manœuvres du président Sall.
Et comme dit l’adage, « on ne piétine pas les testicules d’un aveugle deux fois ». Ce qui fait que beaucoup de Sénégalais commencent à donner de la voix pour prévenir le président Sall de ne pas tenter le diable, bien que jusqu’à présent, il reste flou sur son intention de briguer ou non un troisième mandat à la prochaine élection présidentielle.
Au regard des dégâts humains et matériels, il est important d’éviter au pays de Cheick Anta Diop, une déflagration par l’application effective de la décision de justice, qui plus est sans recours possible.
Il appartient donc au pouvoir en place de livrer le nouveau scenario de sortie de crise. Ira-t-on vers une baisse de la tension où une exacerbation ? Seul, le président Sall peut répondre à cette interrogation sans se tromper et les jours à venir, nous édifierons.
Nous pouvons juste lui rappeler qu’après la gestion du pays, on peut faire d’autre travail et être utile par ailleurs. Des anciens présidents comme Mahamadou Issoufou du Niger et Muhammadu Buhari du Nigeria sont des exemples qui sont rentrés dans l’histoire de leur pays par la grande porte.
En attendant que le président Sall se décide, nous espérons qu’il a compris son peuple et surtout sa jeunesse. Son prédécesseur lui a légué un pays en paix. Il doit aussi voir, le contexte actuel dans lequel la sous-région est confrontée avec la menace terroriste.
Issouf Ouédraogo, Journaliste ( 00226 70049515)