Passionné de mécanique d’engins à deux (2) roues, Kaboré Kouka Benoît exerce dans le quartier Paglayiri de Ouagadougou. La trentaine révolue, Benoît est déficient visuel. En plus de la réparation des motos et des vélos, il fait également du lavage de motos.
Kaboré Kouka Benoît a perdu la vue il y a dix-huit (18) ans de cela. Kouka a fait neuf années d’apprentissage en mécanique avant de perdre la vue. À l’époque, il travaillait avec Honoré, son associé. Lorsque sa vie a basculé, Kouka n’a pas baissé les bras, il a décidé d’assumer son handicap. Il décide d’ouvrir son propre garage où il évolue depuis l’âge de vingt et un (21) ans.
Dans son garage, Benoît offre plusieurs services exceptés ceux qui sont en relation avec le bloc moteur. <<Je fais des révisions, la vidange. Je change les pneus, la bougie et lave aussi les motos. Je peux tout faire sauf démonter le bloc moteur>>, explique-t-il.
Ses prestations sont bien appréciées par les clients. D’autres viennent par curiosité, juste pour voir de quoi Benoît est capable, comme raconte Tondé Barnabé, un jeune du quartier. << Je l’ai connu grâce à un ami. Quand je faisais sa connaissance, il avait déjà perdu la vue. Mais, mon ami m’a dit qu’il voyait auparavant. Si c’est côté travail, il n’y a rien à dire. Il y a des gens qui ne réparent leurs motos qu’ici >>, indique-t-il avant de poursuivre << il gère toutes les autres pannes sans problème bien qu’il ne voit pas. C’est juste le bloc moteur qu’il ne touche pas. Même nos motos, c’est ici qu’on les lave >>, se satisfait le client.
Benoit et Souleymane à la manœuvre
Dans son garage, il est aidé par Souleymane Compaoré, également déficient visuel. Selon Benoît, Souleymane s’applique bien. << Il peut faire sortir une chambre à air et il peut la monter de plus après avoir fini de la réparer. Lorsque je finis de coller la chambre à air, il la range. Même quand je lave les motos, c’est lui qui m’apporte l’eau. Je le forme petit à petit>>, précise-t-il.
Benoît et son assistant traversent beaucoup de difficultés dans le travail quotidien. Étant aveugles, ils ont du mal à s’approvisionner en pièces détachées du fait de l’absence d’un magasin à proximité. <<Lorsque j’ai besoin de changer une pièce, notamment un pneu ou une chambre à air, je suis obligé de trouver quelqu’un pour me conduire dans un magasin à côté de l’action sociale afin de m’en procurer>>, laisse entendre Benoît. En plus de cela, Souleymane relève le manque de matériel de travail. << Nous n’avons pas de matériel à notre disposition. Par moment, pour changer une pièce, il faut avoir un enfant à côté pour l’envoyer en chercher afin d’effectuer le travail. Souvent, c’est difficile de trouver quelqu’un de disponible. Il faut attendre que quelqu’un soit libre ou se présente pour te rendre ce service>>. Le plus grand vœu de Benoît est de disposer d’une boutique de vente de pièces détachées dans son garage. << Cela me rendrait beaucoup service et allégerait mes peines. C’est surtout ça parmi tant d’autres. Si j’ai un soutien, je peux ouvrir un autre garage et y travailler avec mon collègue >>, souhaite-t-il.
Par Bernadette Dembélé