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Les combats font toujours rage à Khartoum, la capitale du Soudan. Les populations, terrées chez elles à l’image de Dramane Bakouan, Burkinabè vivant au Soudan, craignent le pire dans les jours à venir. Dramane Bakouan alias Shebeen, musicien joint au téléphone, décrit une ville au bord du chaos.
Les combats s’intensifient à Khartoum. Le bras de fer entre les deux généraux a profondément plongé la capitale et ses habitants dans l’abîme, laisse entendre Dramane Bakouan, un jeune artiste musicien burkinabè résidant à Khartoum joint au téléphone, « la situation n’est pas du tout bonne parce que l’aéroport a explosé. C’est difficile actuellement. Il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, c’est déplorable » insiste-t-il. La vie à Khartoum et dans les autres régions du pays s’est profondément dégradée depuis le début des hostilités entre les deux camps rivaux « Les cadavres jonchent les rues. On ne peut même pas les enterrer » explique Dramane avec des coups d’armes lourdes en fond sonore avant de poursuivre « Nous n’avons plus de quotidien ici. Les gens souffrent ici ».
L’Afrique doit parler au Soudan
Le Général Abdel Fattah al-Burhan, chef des forces armées soudanaises (SAF), et le Général Mohamed Hamdan Dagalo, plus connu sous le nom de Hemedti, chef des forces paramilitaires de soutien rapide (RSF) se disputent présentement le pouvoir au Soudan. La situation est toujours confuse et les affrontements entre les deux camps ont déjà fait plusieurs centaines de morts. Malgré les appels à un cessez-le-feu de la communauté internationale, les armes crépitent toujours au Soudan. « Ils n’ont pas respecté le cessez-le-feu. Au moment où je vous parle, les armes crépitent toujours », regrette Draman Bakouan. Le jeune musicien insiste, « toute l’Afrique doit s’adresser au Soudan, c’est vrai qu’avant ça n’allait pas, mais présentement la situation s’est empirée. Le Soudan est en train de se déchirer », laisse-t-il entendre avec un gros soupir.
Les Burkinabè pris entre deux feux
Une forte communauté burkinabè (étudiante et commerçante) vit au Soudan, plus précisément à Khartoum, explique Draman Bakouan. Depuis le début de la guerre, tous les moyens de communication ont été interrompus, « les choses n’étaient déjà pas faciles pour les Burkinabè à Khartoum. La plupart travaille dans des supermarchés et peinent à joindre les deux bouts », difficile pour eux de s’en sortir dans ce climat de terreur « actuellement, je ne peux pas les appeler, parce que là où mes compatriotes sont présentement, il n’y a pas d’électricité, ni internet » donc « je pense qu’ils ne sont pas en sécurité et ça ne va pas », déplore Dramane de son nom d’artiste reggae engagé Shebeen. L’artiste se dit touché par cette guerre et demande aux deux généraux rivaux de privilégier le dialogue « ils doivent penser à la génération future et non à leurs propres intérêts. Actuellement les gens meurent et personne ne pensait que le Soudan allait sombrer encore », a lancé l’artiste avant de conclure qu’il est « vraiment déçu ».